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NOTES 487

Ces gouties de J'aïur

si belles Oui perlent toujours sur

mes ailes.

Peut-être ! Mab il nous fâche de voir l'auteur de 'Clara iVElleheuse se parer ici des plumes d'Edmond Rostand.

Quant à VAne,\\ ne mérite pas d'accompagner en paradis l'au- teur des Quatorze prières. Il commet des erreurs volontaires d'in- terprétation. Il feint de croire que « Notre ennemi, c'est notre maître 1 » dit la même chose que « Ni Dieu ni Maître 1 » La Fontaine anarchiste ! Il ne s'est pas fait faute, à toute occasion, d'appuyer l'ordre et l'autorité, et Voltaire le lui a assez repro- ché. Qui ne se souvient de ces dures maximes :

O vous pasteurs d'humains et non pas de brebis. Rois qui croye^ gagner par raison les esprits.... Serve:(-i'ous de vos rets...

A la vérité il a constaté l'instinct de révolte et la haine de l'autorité qui est en tout homme ; mais l'idée d'en faire un .précepte lui eût paru fort ridicule.

Aussi bien, l'âne a-t-il tort d'ajouter :

Je te charge., à mon tour, de ces mots sans hauteur

Qui laissent bien paraître

Que Ml nas pas .de cœur : lis sont lourds àpùrt^e-r, plus que Notre Seigneur.

M. Francis Jammes prête là à son Ane un langage dénué de modestie, et qui ne laisse pas d'étonner. La Fontaine n'a-t-il pas répondu par avance :

On ne saurait soufirir un âne fanfaron

Ce n'est pas là leur caractère.

Oti -ne savait pas non plus qu'il fût dans le caractère à-t la grenouille, du chien, du moucheron, de joindre la mauvaise foi à la méchanceté jusqu'à représenter La Fontaine, poète aussi -modeste qu'insouciant, sous les traits d'un homme de lettres vaniteuîî, aigri et jaloux de la gloire de Louis XIV, Ce mou- cheron-là est un vilain moustique, que je ne souhaite pas à M. Francis Jammes de rencontrer, à Orthez, au bord du Gave.

Du moins le Chêne, reprochant au poète sa légèreté d'esprit

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