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PREMIERE JOURNÉE A RUFISCIUE 545

Enfin nous voici amarrés plus loin vers l'avant, à un autre boute qu'on nous a lancé. Je suis désagréablement impressionné par ces incidents, par ces équipages agités, par ces manœuvres hasardeuses. Les rafales qui veulent m'arra- cher mon casque me forcent à le tenir enfoncé ; il est un peu étroit, presse sur les tempes et ajoute la migraine à ma fatigue. Je suis trempé, mais le soleil devient plus brûlant à mesure qu'il s'élève ; j'ai plutôt envie d'être à bord qu'à terre, mais surtout d'être n'importe où ailleurs que sur ce canote, et l'Afrique ne me plaît pas.

O CoUeone, où êtes-vous ?

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��... Rufisque avance dans la mer quatre wharfs courts et trapus ; celui que nous accostons est grouillant d'activité ; les cotres, les gabares, les canotes des steamers pullulent tout alentour. Chaque levée, en s'en venant du large, sou- lève ces rangées d'embarcations les unes après les autres avant d'aller s'écraser sur la plage, cinquante mètres plus loin, en produisant un bruit d'écroulement brutal et pro- fond.

Tandis qu'ayant empoigné d'une main les échelons rouil- les de l'échelle, je grimpe en assujettissant de l'autre mon casque sur ma tête, je vois se pencher au-dessus de moi une vingtaine de noires figures, plissées par la curiosité ; elles dessinent le long du wharf une frise d'yeux brillants et de dents proéminentes. En même temps, un verbiage d'une vélocité incroyable fait connaître à tous présents et absents que, derrière l'impressionnant c^p'taine du grrand bateau arrivé dans la nuit, débarque un petit îoubab maigre et rasé, qui ne peut à première vue s'identifier ni avec un administrateur, ni avec un « opérateur «, ni avec un shipshandler, ni avec un cap'taine de bateau, ni même — en dépit de sa vareuse — avec un ofiicier de terre ou de mer.

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