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perron de la villa et qu’il aurait chagrin de décevoir. Il contemple la main que Clymène pose sur le tronc, une main nerveuse et intelligente à laquelle il semble si facile de se faire comprendre. Mais le gros brillant et la perle qui luisent à côté de l’alliance lui remettent en mémoire l’air méfiant de M. de Pontaubault à l’idée qu’un homme de médiocre condition soit trop familièrement mêlé aux affaires de sa famille.

— Ce que je vous ai dit m’excusera peut-être de ne pouvoir considérer avec indifférence les peines des enfants. J’ai manqué de confidents lorsque j’étais petit, aussi me suis-je toujours promis d’être le plus attentif des hommes si jamais un enfant s’ouvrait à moi. On dit parfois à un passant ce qu’on n’ose pas confier à un père ou une mère.

— Antoine vous a parlé, s’écrie-t-elle.

— Ne vous effrayez pas. Un enfant vit entouré d’obstacles imaginaires ! Votre fils s’est mis en tête que jamais vous ne comprendriez combien, pour un garçon, il est morne de travailler sans camarades.

— Ah, fait-elle soulagée, ce n’est que cela !

— C’est beaucoup pour un écolier qui passe tant d’heures devant ses livres.

— Il vous a dit sans doute qu’il n’aime pas Mlle Gassin.

— Il me l’a dit avec tant de passion que je ne vois pas, tout experte qu’on la suppose, quel bénéfice il peut retirer de ses leçons.

Elle riposte, assez mordante :

— À quoi je ne m’attendais pas, c’est à vous voir plaider la même cause que le général. Je ne puis vous donner d’autres raisons qu’à lui, mais certainement vous les trouverez meilleures. Peu de jours avant son dernier départ de la maison, comme nous parlions des enfants, mon mari s’est étendu avec une insistance toute particulière sur son désir de les voir rester le plus tard possible à la maison.