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Il énumérait tous les inconvénients des écoles, et comme j’alléguais de mon côté certains défauts de Mlle  Gassin, il affirmait les connaître aussi bien que moi, mais désirer que rien ne fût modifié jusqu’à son retour.

Tout ce qui sent l’hypocrisie bouleverse chez Vernois un fonds de candeur prompt à l’indignation.

— Heuland voulait dire trois mois et non trois années, répond-il avec une rudesse qui surprend Clymène.

— Ce n’est pourtant pas vous qui allez me reprocher de respecter sa volonté !

— Il aurait eu trop de bon sens pour s’obstiner. Accomplir une volonté superstitieusement, c’est parfois ne pas l’accomplir du tout.

Le désarroi se marque toujours chez Clymène par de la distance :

— Je suis étonnée…

Elle ne voudrait pas discuter, se méfiant de l’avantage qu’ont les hommes par leur dialectique, mais il lui échappe quand même :

— Si vous saviez comme on m’a fatiguée de cet argument. Comment ne voyez-vous pas qu’il permet de couvrir tout ce qu’on veut ?

Et aussitôt :

— Nous allons manquer l’heure de la marée. Si nous rentrions.

Pour couper court, elle s’adresse à son petit garçon et, tout en marchant, lui montre à cueillir un bouquet. Mais elle sent la faiblesse de sa défaite et ne peut s’empêcher de reprendre :

Mlle  Gassin ne s’est guère corrigée de ses défauts. Il y a en elle quelque chose de jaloux et de malheureux qui détruit l’effet de la peine qu’elle se donne. Mais à force d’attendre ensemble les nouvelles, de nous inquiéter ensemble, nous nous sommes rapprochées. Lors de la catastrophe, seule avec ma pauvre belle-mère, elle a laissé paraître une émotion véritable. Cela ne se con-