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LE CAMARADE INFiDELE 569

Elle murmure sans oser le rejoindre :

— Ce n'est pas pour cela que j'étais venue... Je me suis afFolée... Pardonnez-moi.

Il ne s'attendait pas à la voir tout à coup si misé- rable :

— Voyons, Mademoiselle, ne restez pas dans cette flaque.

Elle avance un peu et répète :

— Dites que vous me pardonnez...

— Je vous en prie, voilà qu'il recommence à pleu- voir et vous êtes déjà trempée. Laissez-moi vous com- mander un grog.

Mais la plume brisée s'agite de droite et de gauche :

— Je me suis déjcà beaucoup trop attardée... J'étais venue pour vous reparler de ces lettres... L'autre jour j'avais l'impression que vous saviez où elles étaient, mais que vous ne vouliez pas me le dire... Naturellement vous refusez de me répondre. Vous avez toujours à la bouche le souvenir de votre ami, le culte de sa mémoire ; mais l'affection qu'il avait pour moi, vous essayez de l'effacer. De quel droit, puisqu'il y tenait ? Vous la trouvez moins noble que l'autre. Toujours la même hypocrisie!,.. Non, je n'avais pas l'intention de vous faire de reproches... C'est ce mot du petit qui m'a bouleversée... Je vous en prie, ne m'en veuillez pas...

Et Vernois la voit s'enfuir sous la pluie.

��VII

��Bien qu'il n'ait fait que hausser les épaules aux insi- nuations de M"" Gassin, Vernois se rapproche de la table à écrire. Sur un point l'institutrice n'a pas menti : le chasseur au brocart n'est plus là. Intrigué malgré tout, il cherche des yeux la photographie, espérant

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