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NOTES

��LA POÉSIE

LE SERPENT, poème de Paul Valéry, bois gravés par P. Véra (Editions de la Nouvelle Revue Française).

On ne se flatte pas d'ajouter, par un commentaire critique, au plaisir que les lecteurs de cette revue ont pris à lire, l'an passé, cette Ebauche d'un serpent qui vient de paraître en folume. Mais toute oeuvre nouvelle de M. Paul Valéry fait événement parmi les amateurs de poésie, nombreux à redouter que l'auteur de la Jeune Parque ne retourne à la longue et silencieuse retraite rompue par lui naguère, pour notre joie.

Il faudrait mal connaître M. Valéry ou l'avoir lu plus mal encore pour imaginer qu'il veuille usurper en faveur de son art le prestige et la vertu des voix qu'on sait ne plus devoir enten- dre et par lesquelles on est ainsi plus sûrement touché. Il a hérité de Mallarmé le tourment d'absolue perfection et le désir de donner aux mots la souplesse d'une aile, l'éclat des pierres et la transparence du cristal. Mais un savoir étendu aux sciences et à la philosophie lui a permis de renouveler son inspiration et de délaisser enfin le motif pour aborder le sujet. A cet égard le Cimetière Marin a marqué une phase nouvelle de cette évo- lution mesurée, pudique et si émouvante à suivre. On conçoit fort bien qu'une idée aussi haute et ardue de son art dispose le poète à quelque découragement et que M. Paul Valéry puisse parfaitement se convaincre, son poème achevé, qu'il n'écrira plus d'autres vers et que ceux-là sont le chant du cygne. Cette sorte de pessimisme n'est-elle pas plutôt parnassienne que clas- sique ? Telle est la question que M. Valéry ne pouvait manquer de se poser et sa belle préface à V Adonis de La Fontaine témoi-

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