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69^0 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

bout, il dit, mais d'un ton de supplication plus que de menace :

— Mademoiselle, ça suffit!... Alors elle se tourne vers Clymène :

— Je pense que vous me donnerez raison, Madame. Je l'ai empêché de brûler deux cents lettres de M. Robert.

Cette fois, laissant tomber le paquet qui l'embarrasse, Vernois bondit vers elle, mais d'un écart elle lui échappe :

— Par votre affoUement, c'est vous qui lui feriez croire que son mari a pu m'aimer !

Il lui serre furieusement l'avant-bras,, la force à ployer ^ mais pour voir l'effet du coup qu'elle vient de porter, elle trouve l'énergie de ne pas jeter un cri. Et dans le silence,, on, entend Clymène prononcer distinctement :

— Je le savais.

Vçrnois desserre son étreinte. Perdant, l'équilibre, l'ins- titutrice tombe sur les mains ; mais l'instant d'après elle est debout et sort, le regard détourné, avec tout ce qu'elle peut encore mettre d'assurance dan^ le redressement de la tête.

Il n'ose bouger ; il ose à peine regarder vers Clymène qui, repliée dans un fauteuil, serre son mouchoir sur sa bouche, les yeux dirigés avec fixité vers un point du sol. Il finit par dire :

— Tout est de ma faute... Je n'ai cherché à vous con- naître que pour empêcher ce qui est arrivé.

Elle pousse un gémissement :

— Otez-les, je vous en conjure... Que je ne les voie plus... Otez celle qui est là tout près...

Alors il s'aperçoit que les liasses ont roulé hors du journal et que c'est sur l'une d'elles, où l'écriture de son mari se déchiffre de loin, qu'elle continue d'attacher son regard. Il les ramasse précipitamment, mais ne sait qu'en faire ; puis il songe à la cheminée et se dirige de ce côté. Clymène a compris et balbutie :

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