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NOTES I I I

décrire en termes prestigieux les splendeurs de l'Inde ; et ses compatriotes ne se demandent guère si l'âme de Kalidasa a paré de ses grâces ce tableau de la patrie, ou si le charme de cette dernière a inspiré la célèbre élégie.

Cette nouvelletraduction, œuvre desanscritiste, n'estpas moins une œuvre d'art. En comparaison, la niaise élégance de Fauche (Œuvres complètes de Kalidasa, 1859) sera jugée pédante et com- passée, pudique et déclamatoire. Ici l'effort le plus original a été tenté pour compléter l'exactitude littérale par une graphie désireuse de se montrer aussi expressive que peut l'être une dic- tion intelligente. Juxtaposition, groupement, subsomption, parallélisme, symétrie des développements apparaissent aux yeux pour parvenir plus sûrement à l'intellect : les articulations de la pensée se traduisent par les arabesques de l'écriture. Un mot se détache devant le lecteur comme si quelque diseur expert lui faisait un sort. Ce n'est point là simple gageure, risquée pour surmonter la distinction des genres : il faut y reconnaître le résultat d'une étude très serrée de ce que nous appellerions la logique des images chez Kalidasa. La psychologie comparée, non moins que l'orientalisme, gagnerait par l'extension d'un tel procédé à la traduction des œuvres poétiques.

P. MASSON-OURSEL

LES ARTS

LES DERNIÈRES RÉTROSPECTIVES.

Les amateurs de rétrospectives auront été gâtés, ces derniers mois ; après celle qu'organisa « Style », où l'on pouvait admirer de belles baigneuses de Cézanne et un Courbet d'inspiration « très xviii 3 siècle » — le naturalisme a de ces retours — il y eut Cent ans de peinture française, rue de la Ville Lévêque, Les grands maîtres du XIX e siècle, chez Paul Rosenberg, et l'exposition Renoir, chez Barbazanges. MM. Kœchlin et J. E. Blanche, qui organisèrent la seconde de ces manifestations eurent la bonté de me demander quelque aide, et il me fut permis d'y introduire — trop pauvrement à mon gré — les œuvres de quelques représentants des différentes tendances qui s'affrontent actuellement. On a parlé d'une association d'intérêts communs, à propos de cette organisation ; il eût été plus juste de faire allusion à un duel, des plus courtois, certes,

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