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NOTES 115

féconde notre inévitable inquiétude. Que si nous éprouvons par- fois le besoin de nous désaltérer à une source fraîche, le bon Corot est là, artisan d'une victoire extraordinaire : celle de la candeur sur la culture nécessaire mais déformante.

La réplique à « Cent ans de peinture » qu'organisa M. Paul Rosenberg ne fut pas moins brillante que l'exposition précédente. On peut dire qu'elle avait plus de tenue. Si elle ne révéla pas au public des œuvres aussi extraordinaires que la Fabrique et l'Algérienne de Corot et les grandes bai- gneuses de Renoir (qui eussent pu être de Ingres), elle pré- senta Cézanne plus complètement et Courbet plus décemment. Courbet peintre magnifique, souvent supérieur à Delacroix, demeure cependant le plus inégal du siècle précédent. Il est le représentant type — et revendiqué comme tel par quelques naturalistes impénitents — de la production impulsive, sans frein, sans méditation préalable. Les déchets dont son œuvre abonde prouvent, mieux que toutes les théories, la nécessité du recueillement, et que n'est jamais perdu le temps que l'on passe à raisonner, comme Poussin nous enseigne à le faire, sur les ressources expressives de la peinturé et du dessin. « Peignez davantage et parlez moins », conseillait Champfieury à Courbet; il eût probablement mieux fait de lui dire : « Peignez moins et méditez davantage. »

Que ce soit à « Cent ans», chez M. Paul Rosenberg, ou à la galerie Barbazanges, les maîtres les plus regardés, commentés avec le plus d'enthousiasme par les peintres qui, peu à peu, forment l'opinion courante furent Ingres, Corot, Rousseau, Cézanne et Renoir. Pureté des trois premiers ; puissance d'in- vention du Maître d'Aix ; fraîcheur et naïveté eonservées en dépit d'une culture de « Renaissant » chez l'abondant et géné- reux peintre de Cagnes, autant de vertus dont les meilleurs parmi les jeunes artistes essaient, à l'aide de moyens à la fois simples et raffinés, d'opérer la difficile et lente conquête.

ANDRÉ LHOTE

LA MUSIQUE

LES BALLETS RUSSES : Trois créations : La Belle au Bois Dormant de Tchaïkovsky ; Renard et Mavra de

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