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246 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cherche la vérité, l'expression, le grotesque, le tragique et atteint indirectement, par ricochet, à une certaine forme de beauté. En poursuivant sciemment le beau, rien que le beau, on atteint le joli. Le Martyre de Saint Sébastien n'est que joli ; mais, vu les proportions de l'oeuvre, ce joli a quelque chose de monstrueux. eoris de schlœzer

CORRESPONDANCE

1. PROUST ET EINSTEIN

Nous avons reçu la lettre suivante de M. Camille Yettard, qui rédi- gea avant la guerre la chronique des romans dans la Nouvelle Renie Française :

Mon cher Rivière,

Je lis aujourd'hui seulement dans la Nouvelle Revue Française du I er juin l'article sur Sodome et Gomorrhe ou Marcel Proust moraliste, dans lequel M. Roger Allard fait allusion à la compa- raison que « certains critiques » auraient faite de l'œuvre de Proust avec celle d'Einstein... Je ne connais pas ces critiques (au pluriel;, et M. Roger Allard ne les connait, semble-t-il, que par ouï-dire (« il parait, écrit-il, que certains critiques ont comparé l'œuvre de Proust à celle du savant allemand »). Mais je me suis plu moi-même à ce rapprochement des noms de Proust et d'Einstein, et, dans une dédicace à l'auteur de Swann et des Jeunes Filles en fleurs, — qui est encore inédite mais qui n'est pas inconnue à la Nouvelle Revue Française, — j'ai dit quelques mots qui peuvent faire comprendre la pensée qui m'a dicté ce rapprochement entre un très grand romancier psycho- logue et un très grand physico-mathématicien.

Vous voudrez bien me faire l'amitié de croire que, vivant, non pas à a. 6. 500 pieds au-dessus de la mer et des choses humaines », mais à plus de 800 kilomètres de Paris, dans une solitude presque complète, entre un couvent et des montagnes, je suis à peu près soustrait aux influences de la mode. En fait il y a trois ans que des lectures de Proust et d'Einstein — je passais de l'un à l'autre — ont suscité en moi une admiration et un enthousiasme égaux et semblables à ceux que j'avais éprouvés, bien des années auparavant, pour Bergson.

M. Borel a dit qu'Einstein « nous a apporté une manière

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