262 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
au poète moderne : ou se faire la voie par où viendront à la lumière, intacts, prédominants, les monstres de l'In- conscient et perdre ainsi toute forme et toute réalité per- sonnelles, ou s'attacher à sa propre différence, à son moi, et risquer la pauvreté, la maigreur, l'éloquence, tout ce dont la poésie ne veut plus. Tout en luttant contre ce second péril, Valéry, comme la Pythie, pourtant répugne à voir « toute sa nature » devenir « un gouffre ». Au moment même où il « s'entr'ouvre aux esprits » et où il provoque à s'exprimer cette « Intelligence adultère » dont il est habité, il craint de « perdre son propre mys- tère ». Comme la Pythie de son beau corps uni et cons- tant, une nostalgie le prend de son intégrité spirituelle *. Avec la Pythie, volontiers, il se lamenterait sur l'invasion qu'il subit :
Le temple se change dans Vautre Et l'ouragan des songes en: An même ciel qui fat si beau. 2
Il résiste, il cherche à se reconstruire. Avec la Pythie en- core, il prie la « Puissance créatrice » :
Sois clémente, sois sans oracles ! Et de tes merveilleuses mains, Change eu caresses les miracles, Retiens les présents surhumains ! C'est en vain que tu comtmtnifi A nos faibles tiges, d'uniques Commotions de ta splendeur ! L'eau tranquille est plus transparente
��i . Ailleurs il se voit comme les grenades éclatées sous la pression de leurs grains :
Cette / ■.■mineuse rupture Fait rêver une unie que j'eus De sa secrète arebiteetu
(Les Grenades, pp. 24-25.) 2. La Pythie, p. 42.
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