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TERRE

��Sphère lourde où conspire un croissant cimetière, Triste de tous les dieux frigides qu'on déterre Le nez brise, sous le soleil d'or incassable, Pourras-tu longuement te hisser à la table Des planètes avec tes villes amarrées, Tes fleuves, ta vapeur de lune, tes marées, Ta ceinture en plein vol de nues et colibris, D'ombres peinant vers les concaves paradis, Vieille belle voilant à moitié ton visage Parmi la nuit, pour profiter de l'éclairage, Et laissant au vent vif qui cherche une patrie, Une odeur de fatigue et de coquetterie?

Aurons-nous du tonnerre encore dans mille ans Sous un ciel qui feindra toujours Félonuement, La foudre, les éclairs, réclame lumineuse, Et la petite neige antique et gracieuse Oui fait toujours les mêmes mines en tombant Depuis bien avant Homère, depuis Satan, La pluie et les beaux jours, l'aube primordiale ?

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