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t cacher la vraie cause de sa terreur. Tout était donc encore tranquille. Elle se terra dans un coin et ne se montra pas durant tout le temps que je passai dans la maison. Au bout d’une heure je sortis. Mais le soir j’eus peur de nouveau, et beaucoup plus fort cette fois. Le plus pénible pour moi dans cette peur était que j’en avais parfaitement conscience. Je ne connais rien de plus stupide et de plus atroce. Jamais jusque-là je n’avais connu la peur et jamais depuis je ne l’ai plus ressentie. Mais à ce moment-là j’avais peur, je tremblais même. J’en avais parfaitement conscience ainsi que de mon humiliation. Si j’avais pu, je me serais tué, mais je ne me sentais pas digne de la mort. D’ailleurs, ce n’est pas pour cette raison que je ne me suis pas tué, mais à cause de cette même peur. On se tue parfois de peur, mais il arrive aussi que de peur on continue à vivre. L’homme commence par ne pas oser se tuer et l’acte ensuite devient impossible. De plus, le soir, chez moi, je ressentis une telle haine contre l’enfant que je résolus de la tuer. Dès l’aurore je courus cette idée en tête à la Gorokhovaïa. Je me représentais tout en marchant comment je la tuerais et comment je l’outragerais. Ma haine s’excitait surtout au souvenir de son sourire : un mépris s’élevait en moi, et un dégoût immense pour la manière dont elle s’était jetée à mon cou, s’imaginant je ne sais quoi. Mais en traversant la Fontanka, je me sentis mal. En même temps, une nouvelle idée surgit en moi, terrible, et d’autant plus terrible que j’en avais conscience. Revenu chez moi, je me couchai, frissonnant de fièvre et en proie à une terreur telle que j’en venais à ne plus haïr l’enfant, je ne voulais plus la tuer, et c’était justement la nouvelle idée dont j’avais pris conscience en traversant la Fontanka. C’est alors que je compris pour la première fois que, lorsque la peur est extrême, elle chasse la haine et même tout sentiment de vengeance contre l’offenseur.

Je me réveillai vers midi, relativement dispos et