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notes 359

sujet l'exige mais enrichie de mots paysans lui prêtant poids et verdeur, dit fortement ce qu'elle veut dire, elle le dit d'un peu haut, à la Buffon.

Cependant il faut avant tout rendre grâces à M. de Pesqui- doux. Dans les manuels on reproche à nos vieux pères de n'avoir pas eu le sens de l'histoire. Serons-nous sans reproche sous l'oeil de nos neveux ? A lire Connaissance de l'Est, ne com- prenons-nous pas qu'un certain sens de « l'étranger » nous manque, nous manquait encore ? Or, sur un autre plan, Che\ Nous et Sur la Glèbe donnent à l'endroit du monde rustique un sentiment analogue.

J. de Pesquidoux nous introduit à toute une vie secrète, celle des espèces, des semences, des sèves. Les plantes vivent. Chaque espèce, — de blé, de vigne, — a ses vertus et ses humeurs, comme ses défauts et ses manques. Des êtres vivants, en vérité, dont les croisements ont des résultats imprévisibles. Les hybrides n'apparaissent-ils pas avec leur individualité, on peut même écrire : leur esprit propre ? Une science nouvelle, peut-être, la génétique, justifie presque le vieil animisme paysan. Aura-t-on des surprises en ces domaines ?...

L'intérêt des études sur l'Homme, le Foyer, semble d'une qua- lité autre : il s'agirait ici moins d'une pénétration que d'une stylisation, comme on dit... Mais c'est surtout en ses jardins secrets qu'il faut suivre J. de Pesquidoux. Le fort, le rare de ses ouvrages est là, en ce qu'ils font plus riche pour nous le monde rustique. Et plutôt qu'à un jardin on voudrait comparer ces géorgiques gonflées de suc à quelque prairie profonde, d'une odeur nourrie, verte et fraîche.

HENRI POURRAT

LA POÉSIE

CHANSONS : LIBERTÉ, par Henri Pourrat (Société lit- téraire de France).

L'heureuse fortune de Gaspard des montagnes n'a point surpris ceux qui tenaient M. Henri Pourrat pour un des rares poètes de la guerre capable de conduire un récit épique.

Auprès de quelques longueurs, les Montagnards offraient plu- sieurs passages remarquables par la vivacité, l'aisance et la noble rudesse du langage poétique. M. Pourrat entreprend,

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