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CHANTS

INVOCATION

Si ce cœur que ton souffle enseigne, Déesse, a jamais penché Vers les autels pompeux où règne Un culte de fraude entaché ;

S’il a, capable d’Jnconstance, Convoité d’un vœu déloyal Le laurier souille que dispense Un peuple frivole et brutal ;

Si quelqu intérêt de mes veilles Autre que le tien fut l’objet, Si le son du métal abject A jamais séduit mon oreille,

Alors détourne, ô Piéride, De moi ton visage irrité. Que ma veine demeure aride Dans mon sein par toi déserté,

Que sous les coups d’un plectre impie

Mon luth reste silencieux,

Que les ondes de Castalie

N’aient pour moi que des flots bourbeux.