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NOTES 493

de vaillance, de noblesse de cœur. Les poètes de notre génie en action dans le monde. Leur trait propre, c'est ce caractère à la fois de lyrisme en fleur et de sérieux intellectuel, Sans être nourri de réflexions comme En France, ou même comme le Miracle de la Race, ce roman est marqué de la double griffe. La force qu'il garde d'être quasiment un document, ces impressions curieuses, ce goût de vécu, et d'autre part la péri- pétie vive, la concentration du récit, son chiffre elliptique, lui donnent un relief singulier. — Faut-il dire qu'un certain abus des mots et des phrases soulignés désoblige un peu, comme un manque de confiance envers le lecteur ? — Que le livre soit riche en couleurs, cela se voit d'abord : ce qui importe davan- tage, c'est qu'il est aussi riche en nature.

HENRI POURRAT

LETTRES ÉTRANGÈRES

L'ANNÉE LITTÉRAIRE EN ITALIE.

Les douze — ou plus exactement les dix-huit mois — qui s'achèvent ont été marqués dans les lettres italiennes par la mort de Giovanni Verga et de Renato Fucini, le premier plus qu'octogénaire et le second proche de l'être, par la publication du Notturno de Gabriele d'Annunzio, de la Storia di Cristo de Papini, du Rubè de G. A. Borgese, par la représentation de Sei personaggi in cerca d'autore de Luigi Pirandello, par la paru- tion sous les auspices du groupe de la Ronda du Testament littéraire de Giacomo Leopardi et enfin par la création d'un certain nombre de nouvelles revues littéraires (Lo Spettatore, Trijalco, VEsame, Primo Tempo etc..)

Depuis quarante ans, Giovanni Verga ne produisait plus et Renato Fucini depuis vingt. Ils étaient de stature inégale : Verga est un grand romancier, Fucini un aimable conteur toscan. On continue à lire et à aimer Fucini en Italie comme chez nous les Lettres de mon moulin, mais aucun des conteurs toscans d'aujourd'hui, ni Ardengo Soffici, ni Bruno Cicognani ne le continuent en ligne directe.

La littérature toscanisante a pour elle toute la saveur du parler de Florence, de Pistoie ou de Sienne, une vivacité, une grâce, un primesaut auquel on ne résiste pas ; c'est un sourire perpétuel,

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