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510 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nantes. Mais on n'a pas assez admiré la candeur avec laquelle il recevait leurs réponses. Qu'elles fussent rédigées dans son propre style, il ne trouvait là aucune raison d'étonnement ni de doute, et c'est avec un sincère frémissement qu'il écoutait par exemple Eschyle, questionné sur la fatalité, répondre :

Fatalité, lion dont Faine est dévorée, J'ai voulu te dompter d'un bras cyclopêen, Y ai voulu sur mon dos porter ta peau tigrée, Il me plaisait qu'on dit : Eschyle Néméen, etc.

Même les opinions du fantôme de « la Critique » sur les con- temporains ne lui causaient, par leur étrange coïncidence avec les siennes propres, aucune espèce de surprise :

« Mérimée ! King-Charles de vieille femme. »

« Dumas ! valseur littéraire. Augier ! munito chauve usé par le coiffeur. »

M. Paul Berret assure que :

Bien au contraire, ces ricanements d'outre-tombe, ces turlupinades à la Maglia, affermissaient sa croyance et prolongeaient son admiration épouvantée pour des entités qui lui apparaissaient fraternelles. Il se sen- tait terrifié dans ses sens et dans son âme et cependant enhardi dans son intellectualité. N'était-ce pas un réconfort, singulièrement flatteur pour son amour-propre, qu'il existât dans le monde des purs esprits, une métaphysique, sœur de sa doctrine, et que toutes les nuances de la pensée, depuis la méditation la plus grave jusqu'à l'ironie la plus légère, y fussent identiques à sa propre manière. Quelle consécration de son génie marqué par là du sceau divin !

Et M. Berret étudie l'influence de ces voix mystérieuses sur la production de Hugo dans ses dernières années, autant dire l'influence sur Hugo créateur, de Hugo gobeur.

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��ANNA ET LE PRINTEMPS

Robert Honnert, qui a donné à Ariane de charmantes notes, écrit pour TŒuf dur toute une Fie d'Anna, dont voici le der- nier épisode :

Marcel, après avoir présenté ses hommages à Mme Walter, monta retrouver Anna en haut du jardin. Il marchait tranquillement, en vrai

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