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amoureux...

Volôdia regardait le drap que tenait une main blanche et potelée. Il songeait.

— Il se tait !... fit Nioûta étonnée. C’est même singulier... Ecoutez ; soyez un homme ! Souriez, au moins ! Fi ! dégoûtant philosophe ! (Et elle se mit à rire.) Savez-vous, Volôdia, pourquoi vous êtes un lourdaud ? Parce que vous ne faites pas la cour aux femmes. Pourquoi ne la leur faites-vous pas ? Il est vrai qu’il n’y a pas de demoiselles ici. Mais rien ne vous empêche de faire la cour aux dames ! Pourquoi, par exemple, ne me faites-vous pas la cour ?

Volôdia écoutait, plongé dans de profondes et lourdes réflexions, et se grattait la tempe.

— Seuls se taisent et aiment la solitude les gens très fiers, poursuivit Nioûta, écartant sa main de la tempe de Volôdia. Pourquoi regardez-vous en dessous ? Veuillez me regarder en face ! Allons, lourdaud !

Volôdia se décida à parler. Voulant sourire, sa lèvre inférieure se tira ; ses yeux clignèrent, et il approcha à nouveau la main de sa tempe.

— Je... je vous aime ! dit-il enfin.

Nioûta releva les sourcils avec surprise et se mit à rire.

— Qu’entends-je ! commença-t-elle à chantonner à la manière des chanteurs d’opéra qui entendent une chose effroyable. Comment ? Qu’avez-vous dit ? Répétez ! répétez !...

— Je... je vous aime ! répéta Volôdia.

Et sans aucune participation de sa volonté, ne comprenant rien et ne réfléchissant à rien, il fit un demi-pas vers Nioûta et lui prit le bras au-dessus du poignet. Ses yeux se troublèrent et des larmes lui vinrent. Tout l’univers se transforma pour lui en une grande serviette-éponge qui sentait le bain.

— Bravo ! bravo ! — et en même temps un rire gai retentissait. Pourquoi vous taisez-vous ? Je veux que vous parliez. A