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90 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Je songe surtout au dernier entretien, dans lequel Marsyas, vaincu et frémissant de colère, finit par s'incliner devant la sereine dureté d'Apollon, reconnaissant que l'art pur devait vaincre l'art confus et que la victime écorchée devait adorer le dieu cruel et beau.

Ce qui caractérise le style d'Alibert, ce sont des périodes amples — non pas oratoires, car elles ont de la retenue et se plaisent à certains raffinements de syntaxe qui couperaient le sifflet à un ténor de la récitation — mais phrases abondantes, un peu pompeuses, d'un Louis XIV qui reste sévère même lors- qu'il se charge d'ornements. Marsyas a été écrit, croyons-nous, antérieurement aux Odes que nous avions récemment l'occasion d'admirer et où l'on constate un élan plus spontané, une beauté plus libre. jean schlumberger

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DIABLERIES, par Mélot du Dy (Editions littéraires de l'Expansion Belge).

M. Mélot du Dy tire aujourd'hui le Diable par la queue. L'année dernière en ses Mythologies, il se moquait des Dieux de plâtre d'un Olympe de carton et « fumait à leur nez de fines cigarettes ». M. Mélot du Dy a une jolie sensibilité — ce n'est pas là une simple politesse littéraire — mais cette sensibilité s'applique trop souvent à des bizarreries quelque peu affectées- Les poètes quelquefois se suivent et se ressemblent et le sanglot lointain de Laforgue vient rouler encore dans ces

vers :

Dieu ! faites comme che\ vous, Il n'y a pas autre chose Qu'un amour qui se propose, Sans vous prier à genoux.

Ailleurs aussi, on pourrait penser que M. Mélot du Dy s'est trop souvenu de Guillaume Apollinaire, mais ne peut-on croire au Hasard et les poètes ne peuvent-ils donc se rencontrer sur le Parnasse ? M. Mélot du Dy écrit beaucoup, mais pour ma part, j'aimerais qu'il suivît l'inspiration charmante qui lui dicta ce curieux petit poème :

Ils ont perdu le ton galant, Automobiliste et piéton.

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