Page:NRF 1909 1.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES IO7

l'explication littérale, celle des gestes, intelligible au profane, et l'explication secrète, celle des caractères, faite pour la seule élite. Le grand public est satisfait d'une action où tout est aimable et le rassure, et les délicats y goûtent cette pointe d'amertume sans laquelle toute représentation de la vie leur paraît factice.

J. S.

On a voulu voir dans le roman de M mf Lucie Delarue- Mardrus on ne sait quelles amères doctrines Schopenhauerien- nes. Mais le succès que fit à Marie fille-mère un public authentiquement populaire prouve bien que ce livre ne comporte pas plus de pessimisme que l'œuvre la plus saine n'en admet. Chercher un élément d'émotion dans l'injustice qui accable la femme de toutes les souffrances et des plus lourds fardeaux de la reproduction, n'est-ce point légitime, et peut-on exiger que, femme, M m * Delarue-Mardrus constate avec séré- nité un aussi dur destin ? Au reste le livre est plein de sève et dru comme l'herbe normande où se passe le meilleur de l'action. M n " Mardrus connaît mieux qu'en touriste la cam- pagne d'Honneur et elle a su noter, dans le parler paysan, des mots justes, forts et de bonne vieille souche française, dont la saveur dépasse singulièrement le facile pittoresque par quoi l'on se contente en général d'évoquer les milieux rustiques.

��• « 

��LES VIEUX, par M. Ignasi Iglesias (représentation de l'Œuvre).

C'est un tableau de la misère qui attend les ouvriers in- valides, renvoyés de leur usine, incapables de se défendre et condamnés à une vieillesse affamée. Si cette pièce fut écrite par un ancien ouvrier, pour être jouée en Espagne devant un public populaire ; si le but en est de provoquer un mouve- ment d'opinion en faveur des retraites ouvrières, il faut louer M. Ignasi Iglesias d'avoir à peu près évité l'emphase et de

�� �