Page:NRF 1909 2.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES

��211

��violentes oppositions de masses noires fortement encrées et de surfaces grises ou blanches soigneusement essuyées au tirage. Elles présentent en effet, dans la distribution des lumières un tel parti pris que l'on a pu se demander si l'artiste n'obtenait pas des effets trop faciles par ces ciels noirs, par ces éclairages dont on ne saurait dire s'ils sont diurnes ou lunaires et qui concentrent leur éclat sur une partie de la composition, lui donnant parfois l'aspect d'un fantastique décor de théâtre où le machiniste aurait tout éteint sauf une herse ou un portant. Le luxueux Catalogue de l'œuvre gravé de Frank Brangwyn que publie la " Galerie d'Art décoratif " vient mettre en regard de nombreuses eaux-fortes, les dessins qui leur ont servi de point de départ, et il nous apporte ainsi de précieuses indications sur la manière dont travaille le graveur anglais,

S'il plaît à l'artiste d'exprimer ce qu'il y a de démesuré, d'excessif dans certains effets de nature ou dans les créations de l'industrie humaine, libre à lui. Il y a des " effets " qui pour être énormes n'en sont pas moins vrais et heureux. Tout ce qu'on a le droit d'exiger, c'est que l'effet soit la résultante nécessaire d'un travail conscient et qui sait où il va. Or les dessins de M. Brangwyn sont là pour montrer tout ce qu'il y a d'étude et de structure dans ses plus romantiques estampes. Ce sont de fermes esquisses qui servent à noter, non des jeux de lumière, mais des formes, motifs d'architecture, pièces de machines, agencements d'échafaudages. C'est à peine si la transposition sur la planche de cuivre multipliera les traits et fouillera le détail. Ce sera bien plutôt un travail de simplifica- tion des masses en vue d'un certain " effet. "

D'aucuns trouveront dans les dessins une saveur, une exci- tation de l'esprit que ne leur fait goûter qu'à un moindre degré l'eau-forte aux intentions plus appuyées, plus commen- tées. C'est la vieille querelle entre ceux qui préfèrent stimuler leur imagination par la lecture d'une pièce de théâtre, plutôt que d'accepter le grossissement et en même temps la limita- tion qu'y apporterait le jeu de l'acteur. Il y a analogie entre les grands effets décoratifs des planches de M. Brangwyn et

�� �