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LA PORTE ÉTROITE
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Ma résolution était bien arrêtée, et sitôt ma lettre partie je pus plonger dans le travail.

Je devais revoir Alissa dès avant la fin de l’année. Miss Ashburton, dont la santé depuis quelques mois déclinait, mourut quelques jours avant Noël. Depuis mon retour du service, j’habitais avec elle de nouveau ; je ne la quittais guère et pus assister à ses derniers instants. Une carte d’Alissa me témoigna qu’elle prenait à cœur notre vœu de silence plus encore que mon deuil : elle viendrait entre deux trains, seulement pour l’inhumation à laquelle mon oncle ne pourrait assister.

Nous fûmes presque seuls, elle et moi, à la funèbre cérémonie, puis à suivre la bière ; marchant au côté l’un de l’autre, à peine échangeâmes-nous quelques phrases ; mais à l’église, où elle s’était assise auprès de moi, je sentis à plusieurs reprises son regard tendrement sur moi se poser.

— C’est bien convenu, me dit-elle, sur le moment de me quitter ; rien avant Pâques.

— Oui ; mais à Pâques…

— Je t’attends…

— Puis, s’étant approchée de moi, elle resta quelques instants, le front sur mon épaule. Nous étions à la porte du cimetière. Je proposai de la reconduire à la gare ; mais elle fit signe à une voiture et sans un mot d’adieu me laissa.

— Alissa t’attend dans le jardin, me dit mon oncle, après m’avoir embrassé paternellement, lorsque, à la fin