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320 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sonnel. Aux autres elle n'inspire que scru- pules exagérés, défiance envers des formes assouplies à l'excès qui se prêtent complai- samment aux plus chétives entreprises. Parce que ceux-ci s'installaient d'emblée, avec effronterie, dans une expression banale, nous avons vu ceux-là, assumant comme un devoir de s'achopper à des restrictions volontaires, concentrer leur noblesse laborieuse dans une sorte d' " impossibilité" du langage. Et tandis que les plus sévères artisans de la technique affectent de mépriser le " savoir-faire ", mille producteurs indisciplinés accuseront éternelle- ment quelques avares créateurs d'une im- puissance dont ils sont eux-mêmes un peu trop dépourvus. Si bien que, dans l'opinion commune, s'aggrave de jour en jour le divorce abstrait entre deux notions inséparables : la notion d'art et la notion de métier.

Nulle part mieux qu'au théâtre ce funeste malentendu n'est sensible. Il y a quarante ans, Alexandre Dumas fils put écrire, dans la préface du Père Prodigue : " Un homme sans aucune valeur comme penseur, comme moraliste, comme philosophe, comme écrivain, peut être un homme de premier ordre comme auteur drama- tique ".

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