Page:NRF 1909 6.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

508 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ou bien vous méfieriez-vous de moi ? En vérité, ai-je mérité l'offense d'un tel soupçon ?... Mais à cet endroit, elle me fit signe que non. — J'y serai, che- valier ! murmura-t-elle en même temps, et me ten- dant sa main nue à baiser, elle s'enfuit, me laissant tout transporté de plaisir et d'espoir. L'humeur la plus joviale du monde pour lors me remplissait. Cor- bacque, fis-je en redescendant, ou je me trompe fort, mon cher Ascanio, ou demain vous ne serez pas sans éprouver quelque déplaisante surprise ! Telle était ma satisfaction que je ne me reconnaissais même plus la force de garder rigueur au Comte du procédé injurieux dont il avait usé la veille, en ne craignant point de porter la main sur moi. Dans le vestibule, je retrouvai le portier toujours ronflant. L'ayant secoué d'importance, j'appris de lui que mon cousin était toujours dans le parc avec son intendant. A peine d'ailleurs avais-je fait quelques pas, je l'aperçus de loin flanqué de ses acolytes. En me voyant, il les lâcha aussitôt et se porta vers moi avec un em- pressement qui me fit juger qu'il avait à cœur de réparer ses torts. — Eh, cher chevalier, je suis aise de vous rencontrer ! Figurez-vous que j'étais en train de m'éver- tuer à votre intention. Pour vous distraire, j'ai donné ordre qu'on organisât au plus tôt une grande pêche aux flambeaux. Le spectacle est curieux : la saison au de- meurant s'y prête à merveille, rapport au temps qu'il fait et au poisson aussi !... — Pour rompre les chiens, je lui répondis incontinent que j'aurais assisté de grand cœur à ce divertissement, mais que la nécessité qu'il y avait pour moi de me trouver à Milan avant la fin de la semaine m'imposait de quitter le château dès le lendemain. — De-

�� �