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sollicitude, il entre un peu de nostalgie : Marie et Madeleine sont de sa province, lui figurent son village et le foyer de ses parents. C’est ce foyer qu’à présent il va peindre, c’est soi-même parmi les siens. La première forme de son art ne pouvait plus exquisement se consommer qu’en ce petit livre : La Mère et l’Enfant. Au premier volet du triptyque, l’enfant blotti contre les jupes maternelles lève vers la lumière des yeux émerveillés ; le troisième expose le départ amer d’un adolescent qui déjà ne veut plus compter sur les hommes ; le second porte l’image de la douleur physique, de la douleur imméritée. Elle amollirait le cœur le plus dur. Pauvre Philippe ! Bien d’autres nous ont dit les pleurs vite essuyés, « le sel des larmes d’enfance »  ; — lui seul, la stupeur morne et d’un enfant qui se lasse peu à peu d’espérer, et souffre, souffre interminablement sans rien comprendre à sa souffrance, sans y voir poindre une pensée.

Les fils de paysans exilés dans Paris ont beau se retourner vers leur village ; ils voient la ville comme ses fils ne la voient pas, avec un œil toujours neuf, avec un esprit prompt à s’étonner. Philippe n’a pas abordé Paris par l’étude ou par la fête ; par les musées, les monuments ou les théâtres. Lancé tout de suite à la recherche d’un métier, en plein courant populaire, il a connu les repas de pain et de fromage ; l’escalier noir où