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elle s’est posée ?… Un peu d’obscurité persiste ; on conserve aussi quelques doutes concernant le sacrifice de Jean Bousset. Jean ne pouvait sauver Marie ; mais faute de suivre l’emploi qu’il va faire de sa liberté, nous ignorons si elle vaut plus, ou moins, que quelques mois de bonheur.

Croquignole est une farce qui s’achève en drame, naturellement, logiquement, et pour ainsi dire contre le gré de l’auteur. Car Philippe chérit Croquignole, et ne fait pas grief à ce gros garçon de conserver, dans l’abrutissement des bureaux, son goût pour les petites femmes et ses appétits de joie. Il ne déteste même pas la fortune de Croquignole : la mauvaise richesse est celle qu’on acquiert et qu’on entretient en exploitant le travail d’autrui ; mais l’héritage inopiné, la forte somme tombée du ciel, pour être dépensée en « bombes » dont profiteront les amis ?… Philippe voudrait bien croire qu’il n’est rien de plus innocent. Il ne le peut pas ; honnêtement il redoute la griserie d’une chance subite, et ses contre-coups dangereux. Avec ses quarante mille francs, Croquignole a de beaux festins, et le corps bien soigné de Madame Fernande ; mais les « foies blancs » qui le tourmentent ne sont pas encore apaisés. Mieux il est repu, plus fort il s’ébroue, comme « le zèbre du Jardin des Plantes. » Croquignole ne convoite pas la brebis du pauvre ; il la ravit sans y songer : par incapacité de se tenir tranquille, il prend en passant la timide Angèle,