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souvenirs, Philippe voyait s’ouvrir divers chemins où il s’engageait tour à tour. Aux deux chapitres publiés déjà dans cette Revue, aux fragments que nous donnons aujourd’hui, d’autres versions s’ajoutent, égales en mérite, entre lesquelles je n’oserais choisir. Toutes peignent les années d’enfance, et s’arrêtent au seuil de l’apprentissage. Devant le pas décisif, Philippe hésitait, se troublait ; il renonça même à finir le livre ; je pense qu’il l’aurait repris quelque jour. Peut-être un sujet si austère avait-il encore besoin de mûrir ; peut-être Philippe, par respect sincère, se sentait-il indigne de le traiter ; peut-être était-il moins à l’aise que jadis pour exclure de son œuvre, ainsi qu’il le fallait, tous soucis intellectuels. Les maîtres de Charles Blanchard, c’est le patron, l’atelier, les outils. Philippe recevait bien d’autres influences. On a beau n’être pas théoricien, il circule dans Paris des idées qui vous assiègent, se placent devant vos yeux, et vous forcent à voir le monde à travers elles. Philippe avait dédaigné toute doctrine politique et sociale ; il s’était fait une religion sans croyances. Traditionalisme, syndicalisme, catholicisme, venaient à présent le poursuivre, incarnés en tels de ses plus chers ou de ses plus illustres amis. Il résistait, mais se sentait troublé ; son trouble était un des motifs de son silence.

Ceux qui ont connu mieux que moi Philippe