Page:NRF 3.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

242 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Relu " Madame Bovary ", et vécu des jours gris, monotones comme chaque vie, dans de l'émoi, parmi des souvenirs de temps où nous n'étions pas, mais dont nos sens se souviennent. Chaque personnage est un type, — et c'est la vie telle quelle, avec son menu grave, sa gloire d'espérances, sa banalité et sa minuscule importance. Je n'y vois pas, et ça me plait, ces aperçus philosophiques, ces classifications de choses que donnent toujours les auteurs de romans, et cependant cela s'en dégage, la vie humaine se groupe, l'âme des choses y est parce que les choses y sont. C'est un tableau, au même titre qu'un paysage non peint, et vivant, est un tableau.

Lu du Barbey d'Aurevilly. Un grand style grave, d'un homme très haut, une voix qui dit, et un geste qui épand. Des héros et des héroïnes très hauts, des types humains de gloire, et dont la seule présence illumine le roman. Pourtant je sens dans l'auteur (je ne sais même s'il a été cela) l'air assuré d'un homme à femmes, d'un homme du grand monde sûr de son effet. Mais il y a parfois des recoins d'ombre, où vit un Barbey d'Aurevilly expérimenté et disert, et notant des idées extraor- dinaires, si vraies qu'on est étonné que lei évidence ne les ait pas déjà rendues banales.

Je t'envoie un poème de Moréas que je copi< de mémoire. La forme typographique est peut être plus bizarre encore que je ne l'ai mise. Un

�� �� �