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34^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

brillaient comme des forges, leur fumée légère et bleue montait vers les premières étoiles. Un grand calme se faisait qui grossissait les voix et les rires des hommes attablés dans la hutte.

A deux cents yards de là, sur la rivière, se trouvait le camp des charretiers. Ceux-ci au nombre de quinze, attendaient leur tour de charger la laine de Moondooroo pour la transporter au chemin de fer, à 175 miles de là. Leur camp ressemblait à un camp de barbares : vingt grands wagons à roues peintes en vermillon étaient rangés sous les arbres, tandis que des tentes, des huttes d'écorce et de branchages se dressaient un peu partout. Tout un monde de femmes et d'enfants circulait entre les grands foyers de cendres blanches où brûlaient des troncs d'arbres entiers. Des chiens, des chèvres et leurs chevreaux, des poules complétaient la population de ce village éphémère. Les charretiers possédaient, plusieurs d'entre eux, deux wagons : le paddock qui se trouvait non loin du camp était en ce moment mis en coupe réglée par les 300 chevaux qui formaient leurs attelages.

Tous les wagons portaient un nom, comme les bateaux : il y avait " Good Boy " et " Flying Dutchman " qui appartenaient à Greenhalgh. " Try Again " était à Bill Ford le premier charretier qui, quinze ans auparavant, avait affronté les 150 miles qui séparent Wambarula de Pan- caira. Il était arrivé avec son wagon à Pancaira, mais la pointe de " spear " (lance) qu'il gardait dans l'épaule l'avait fait jurer comme un païen quoiqu'il eût payé d'une balle de plomb le noir qui lui avait envoyé cette esquille de bois dur.

Mick Nolan était le propriétaire du " Get There " ;

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