Page:NRF 3.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FERMINA MARQUEZ 373

plupart d'entre eux, un peu mélangé de sang indien, — était si grand, que tout orgueil nobiliaire, que tout fana- tisme de caste semble mesquin, comparé à ce sentiment- là ; à la certitude d'avoir pour ancêtres des paysans de la Castille ou des Asturies. C'était une belle et bonne chose, après tout, que de vivre parmi des gens qui avaient ce respect d'eux-mêmes (et ce n'étaient que de grands enfants). Je suis sûr que le petit nombre d'anciens élèves restés en France, se rappellent aujourd'hui avec recon- naissance notre vieux collège, plus cosmopolite qu'une exposition universelle, cet illustre Collège Saint-Augustin,

maintenant abandonné, fermé depuis quinze ans déjà

C'est parmi les souvenirs d'une des plus glorieuses nations de la Terre que nous y avons grandi ; le monde Castillan fut notre seconde patrie, et nous avons, des années, con- sidéré le Nouveau-Monde et l'Espagne comme d'autres Terres-Saintes où Dieu, par l'entremise d'une race de héros, avait déployé ses prodiges. Oui, l'esprit qui domi- nait chez nous était un esprit d'entreprise et d'héroïsme ; nous nous efforcions de ressembler aux plus âgés d'entre nous, que nous admirions ; à Santos, par exemple, à son frère cadet Pablo ; naïvement nous imitions leurs maniè- res et jusqu'au son de leur voix, et nous avions à les imiter ainsi, un plaisir extrême. Voilà pourquoi nous nous tenions tous, à ce moment, près de la haie de myrtes qui séparait la cour de la grande allée du parc, domptant notre timidité pour admirer, avec une impudence voulue, les étrangères.

De leur côté, les jeunes filles soutinrent hardiment tous ces regards. L'aînée surtout : elle passa lentement devant nous, nous regarda tous, et ses paupières ne bat-

4

�� �