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FERMINA MARQUEZ 395

pleins d'odeurs qui nous donnent le vertige ; ou bien l'automne et les premiers brouillards d'après la rentrée, ces brouillards chauds qui se posent comme une main sur notre cœur ; il pouvait y avoir Paris et toutes ses nuits pleines de péché — des péchés si beaux et si ter- ribles qu'on n'ose pas les imaginer ; il pouvait y avoir toutes les femmes de la terre, si belles qu'on voudrait leur trouver des noms qui exprimeraient leur beauté ; et il pouvait y avoir les yeux de Fermina Marquez où res- )lendissait le soleil des Tropiques ; — Joanny Léniot

>urnait son visage vers le mur, et, pensant au devoir ju'il avait à faire, sentait au fond de lui une joie plus

rande que toutes ces joies. Non, rien du monde ne le troublerait. Il se concen- tit en soi-même, refusant de se disperser, d'accorder

îe seconde de tendresse à quoi que ce fût. Il voyait

lairement la limite de son esprit. Il avait lu et relu une

mrte " Vie de Benjamin Franklin " qui se terminait

ir ces mots : " Il a tiré tout le parti possible de lui-

lême ". Léniot pensait : " Franklin devait se mépriser

omme je me méprise moi-même ; mais il a trouvé le

loyen d'être grand aux yeux des hommes. C'est la route suivre, et sans broncher ". Il s'économisait. Quand

"ermina Marquez parut dans le Collège, amenant avec

lle un air nouveau, il s'accusa de s'être laissé, un instant,

listraire. Les plus beaux yeux du monde ne devaient pas détourner de son but splendide. César avait-il une

îule fois regardé tendrement les filles ou les femmes des

hefs gaulois ? Quand, du haut des remparts, elles le sup-

diaient, découvrant leur poitrine; ou bien, quand les

)irs de bataille, on les amenait par troupeaux au camp

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