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��41 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ques, tout un trésor intact, et dédaigné semble-t-il, comme l'adorable éveil d'amitiés diverses qui accueille, à l'entrée de la grotte de Bélarius, la douloureuse Imogène, costumée en page et timide devant son épée...

P. de L.

LES DOUZE LIVRES POUR LILY, par Louis Thomas.

On ne saurait contester que M. Louis Thomas, qui trop longtemps passa pour un garçon léger, ne se soit cette fois appliqué. Le copieux recueil de poèmes qu'il vient de publier dans cette charmante édition des Bibliophiles Fantaisistes a presque l'air d'un roman, non seulement pour son poids, son volume ou la matière qu'il contient, mais encore à cause de la façon dont il est composé, de sa distribution en chapitres et du lien d'intérêt qui en assemble les parties. De là, cependant, à conclure que l'auteur y ait fait effort et se soit discipliné, il y a un pas que nous ne sommes point près de franchir. Dans tout ce qu'il a produit, M. Louis Thomas a communément fait montre de qualités heureuses et diverses. Il a du goût, conve- nons-en, une certaine grâce désinvolte qui lui appartient, c'est entendu, de l'entrain, certes, et un style plein de naturel qui se plie à toutes les circonstances, mais quelle détestable facili- té — et que de facilités !... — quelle aptitude à n'importe quoi et quelle absence totale de discernement. Je sais qu'on est mal venu à en faire un grief au poète qui froidement vous avoue :

Alors ce qui vient je le mets.

Ma foi, tant pis si ce n'est pas bien bon,

Le poème est bâclé l

La sympathie dont on ne peut se défendre pour l'attitude et la saine humeur de M. Louis Thomas vaut bien néanmoins qu'on lui déclare tout net qu'un tel art poétique est conster- nant, et, plus généralement, qu'on ne saurait rien obtenir, en art comme dans la vie, qu'à la condition de choisir au préala-

1 Ce sont des vers.

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