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432 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'en corollaire je ne la signalerais pas ; mais je la sens antécédente — et j'aurais dit : initiale, si encore ne la pouvait-on réduire en quelques plus naïfs éléments.

La haine de la pudeur (qu'il appelle : invention chrétienne) lui a enseigné la haine du christianisme. La haine du christianisme lui a enseigné l'amour de la science, qui l'a beaucoup occupé ces dernières années. Mais je le soupçonne fort de n'aimer tant la science que pour détester mieux la religion ; rien de contemplatif, de désintéressé, dans cet amour ; il ne voit dans la science qu'une pourvoyeuse d'arguments. Préoccupé de faire pièce, tout lui sert et n'importe comment. Quand il parle en littérateur, un goût certain, la connaissance du sujet l'arrêtent sur la pente ; où lorsqu'il commence à parler science son esprit dévale aussitôt ; rien ne l'y retient plus, intuition ni compétence ; tous les raisonnements lui sont bons. Parfois il triche éperdûmeut : Dans le plus " scientifique " de ses livres, la Physique de V Amour — livre inspiré par l'obsédant souci d'assi- miler l'amour de l'homme aux pariades animales — après avoir parlé de la fuite, devant le mâle, de la taupe femelle qui creuse, à mesure que le mâle s'avance, d'enchevêtrés tunnels où son per- sécuteur peut-être se perdra, Gourmont écrira sans rougir : " Quelle vierge humaine montra jamais une telle constance h garder sa vertu ? Et laquelle, seule dans la nuit d'un palais souterrain, userait ses mains

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