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434 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Sarto, passe encore ; mais de Monsieur Letailleur, ah ! fi donc ! Et voilà qui fait de M. deGourmont un homme heureux.

" Que d'illusions tomberaient si on nous les servait tout traduits , ces beaux noms de poésie et de légende ! " s'écrie-t-il ; et il s'amuse à proposer, à la place de Béatrice Cenci, Béatrice Chiffon ; de Boccace, Bouchard; du Tasse, Blaireau; de Manzoni, M. Grosbceuf, etc.

Et M. de Gourmont est trop intelligent pour ne pas voir que ce qu'il avance est absurde ; car il se garde de proposer la réciproque et d'imaginer ce que peuvent donner, traduits en langue étrangère, les noms qui font l'objet de notre vénération ; pour juger du ridicule qui pourrait en résulter, il suffit d'imaginer à ces noms un équivalent, de supposer un instant pour auteur des Essais un Colline ; un Corbeau pour auteur du Cid ; pour celui des Caractères un La Fougère; un Du Ruis- seau pour celui des Fables ; un Branche pour celui SAthalie... Et puis après? Absurde! Absurde!.. Mais peut-être huit ou dix lecteurs, éveillés par M. de Gourmont, se diront-ils : Oui ! Sarto, passe encore ! Mais Letailleur !... non, décidément non! une religion, dont un Letailleur gouverne le pontificat, ne vaut pas, non décidément pas, que je m'incline. Et M. de Gourmont n'aura pas perdu son temps.

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