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G. DEHERME ET LA CRISE SOCIALE 583

Dès le début de la Crise sociale^ on retrouve mieux l'ancien, le vrai Deherme. J'aime l'entendre proclamer que " la réaction prochaine sera popu- laire " ; que "la liberté, la justice, pures entités dans leur sens abstrait (évidemment)^ représentent des aspirations légitimes, des forces sociales dans leur sens positif" ; — gourmander les libéraux " butés dans leur égoïsme de classe " ; — et, rappelant que " huit millions de Français sont hors la Patrie, " nous proposer pour seule issue " l'in- corporation définitive du prolétariat à la société. " C'est en effet la Crise économique qui l'occupe tout d'abord. Il signale tour à tour l'incohérence du socialisme et l'insuffisance du réformisme actuel ; même au socialisme syndicaliste, il reproche " de subordonner l'ensemble social à une de ses fonc- tions : la production, et de ne considérer que la production de la grande industrie. " Pourtant il attend beaucoup du mouvement syndical, " anti- parlementaire, c'est-à-dire profondément organi- que. " Il parle par moments comme G. Sorel : " Le syndicalisme est une philosophie de l'action sociale, et toute action, pour des praticiens, est éducative " ; mais il ne confond pas l'action avec la philosophie que M. Sorel y superpose ; il inter- prète, pour sa part, la lutte de classes très diffé- remment : " Le syndicat est bien une organisation de classe. S'il se proposait la suppression des classes, il voudrait sa propre destruction. Et c'est

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