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PAS-COMME-LES-AUTRES 599

Il se promène dans des rues tortueuses, à pavés pointus, où les maisons surplombent.

Le reste ne l'intéresse plus. La vie naïve a vécu. Des savants viennent, qui parlent grec, des capi- taines, si drôlement habillés, qu'ils ont l'air de présenter chacun sa tête sur un plat de dentelles, des ministres, des rois de plus en plus graves.

La Révolution, enfin, lui fait peur. Elle fut cruelle. Elle a tué les Jeudis et les Dimanches. Elle a cassé les cloches. Elle a tué le Moyen Age, et c'est pourquoi les jolies rivières, les beaux fleuves que l'on montre, sur les cartes, tout bleus, Pas- comme-les-autres les voit, alors, rouges de sang.

Certaines nuits sont terribles, où il rêve.

— Mais qu'est-ce que j'ai donc, tout-à-coup ? J'étais, il n'y a qu'un instant, léger comme un oiseau. Je volais entre des troncs de grands arbres dont je ne sais même pas les noms. J'allais si vite, qu'il fallait que je fasse bien attention de ne pas me briser contre les grosses branches. Je n'avais qu'un tout petit effort à faire, et je m'arrêtais, planant. Puis, je volais au-dessus des cimes des arbres, bien plus heureux que le vent, parce que, moi, je me sentais léger.... Maintenant, mes jambes sont comme collées au sol, juste quand j'aurais besoin de courir pour échapper.... Oh ! Ce sauvage qui me poursuit !... Aussi, qu'est-ce que je suis venu faire ici ? J'aurais bien mieux fait de rester chez nous. Personne ne me bousculait, et j'avais

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