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6l8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Apologie. Pascal se fût récrié devant un pareil " blasphème. " C'est particulièrement aux libertins que son Apologie s'adresse. " Il suppose un homme, dit la Préface de Port Royal, qui, ayant toujours vécu dans une ignorance générale, et dans V indifférence à F égard de toutes choses, et sur- tout à l'égard de lui-même, vient enfin à se " considérer dans ce tableau, et à examiner ce qu'il est. " — C'est que Pascal pense avec Mon- taigne (et tous les classiques), que chaque homme porte en lui la " forme de l'humaine condition. " — Nul écrivain moins " régionaliste " dans tous les sens du mot, que lui. Et on le comprend aisé- ment. C'est justement sur le postulat, je ne dis pas de l'unité, mais de l'universelle dualité de la nature humaine que repose son Apologie. Tous les hommes, depuis le péché, sont également grands tout ensemble et misérables, ont les mêmes " avan- tages," et les mêmes "faiblesses. " — Son livre est réellement d'inspiration catholique, et s'adresse à la communauté des êtres raisonnables.

Ce n'est pas une moins grave erreur, et c'est une erreur précisément de même nature que com- met Barrés, quand il parle comme si le " cœur " signifiait pour Pascal ce que lui-même appelle sensibilité. Pour Barrés, disciple de Taine, la sen- sibilité varie d'individu à individu ; elle est le produit complexe de très diverses influences. Pour Pascal, le " cœur, " s'il n'est pas, comme le

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