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622 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

vient le janséniste) cette rédemption de l'homme, cette mort humaine, l'homme n'est pas capable de l'effectuer par les seules forces de sa raison : il y faut l'opération de la grâce : " Qu'à moi en soit la gloire, et non à toi, ver de terre " (Fr. 553). — C'est donc à Barrés lui-même qu'on peut adresser cette pensée de Pascal (fr. 436): "Quel dérègle- ment du jugement, par lequel il n'y a personne qui ne se mette au-dessus de tout le reste du monde, et qui n'aime mieux son propre bien et la durée de son bonheur et de sa vie, que celle de tout le reste de monde ".

Son propre bien, et la durée de son bonheur et de sa vie, voilà justement ce que Barrés recherche. Qu'après cela, pour assurer à son moi le bien, le bonheur, et la durée, il lui impose une discipline et le réintègre dans sa race éternelle; que, pour mieux jouir de soi-même, il se soumette à la terre et aux morts, voilà qui n'importe guère, puisque c'est toujours à son moi qu'en somme il demeure attaché.

Bref, Pascal cherche le salut de son âme, et veut lui éviter des péchés : Barrés cherche à sauvegarder sa sensibilité, et veut lui épargner des heurts. Pour sauver sa personne et sa dignité d'homme raison- nable, Pascal meurt à la concupiscence et à l'amour propre : par amour propre et pour être plus assuré que sa concupiscence sera satisfaite, Barrés accepte avec amour de mourir à la vie de la raison. Avec

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