Page:NRF 3.djvu/693

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 683

L'exposition de cette année donc est consacrée à l'évolution du paysage en France et en Belgique. Rien de plus légitime que cette association des deux écoles, car si les paysagistes belges empruntèrent toute leur esthétique et toute leur tech- nique au paysage français, si l'école de Tervueren n'est qu'une brillante succursale de l'école de Fontainebleau, du moins les maîtres de Belgique apportèrent-ils à suivre leurs devanciers français une vigueur, une sincérité, des dons de coloristes qui leur font une originalité véritable. Aussi bien l'évolution est- elle parallèle dans les deux pays. Il suffit de parcourir ce Salon où les œuvres sont très heureusement mises en valeur pour se rendre compte du lien qu'il y a entre un Corot, un Daubigny, un Rousseau, un Courbet, et un Baron, un Fourmois, un Boulenger, entre un Lépine, un Guillaumin, un Sisley, un Pissarro et un Heymans, un Claus, un Lemmen. D'autre part, on suit très bien, le long de ces cimaises, la lente évolution des peintres vers la subordination de la réalité objective à l'impression fugitive qu'elle fait naître ; on voit très bien comment, de l'excès même de ce naturalisme étroit qui, à une certaine époque, a fait proscrire aux paysagistes tout ce qui pouvait paraître inventé, combiné, stylisé, est né un art d'un idéalisme essentiellement subjectif. Assurément, la démonstra- tion n'est pas complète ; il eût fallu, pour la rendre définitive, pouvoir emprunter des tableaux au Louvre, au Luxembourg, ou du moins à quelques grandes collections parisiennes, an- glaises ou hollandaises : Encore que les Corot que M. Octave Maus a pu réunir soient de fort jolis Corot, ils ne peuvent donner une véritable idée de l'œuvre exquis de ce maître ; de même pour Daubigny, pour Jules Dupré, pour Diaz ; quant à Théodore Rousseau, il n'est pas représenté du tout. Mais quoi! une exposition temporaire n'est pas un musée d'éducation. Et si ce Salon n'a pas révélé complètement les grands maîtres français à ceux qui ne les connaissaient pas, elle a du moins très heureusement rappelé leur manière à ceux qui en ont pénétré le charme.

Les maîtres belges sont mieux représentés ; j'ai vu à la Libre Esthétique quelques-uns des meilleurs tableaux de Bou-

�� �