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140 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

m'apprend ? Paulette, paraît-il, vient de s'empoisonner ! " Et se rajustant, en hâte : " Je n'y comprends rien, cette fille d'ailleurs n'en savait pas plus long... Il faut en tout cas que je coure là-bas, la pauvre Boboli doit avoir perdu la tête. "

Elle s'était rapprochée de Philippe. Elle posa les mains sur ses épaules : " Ah ! pourquoi, soupira-t-elle, me faut-il vous quitter en un tel moment ? Quand de tout ce qui nous a séparés et meurtris je commençais à ne plus me souvenir. Du reste, ajouta-t-elle en haussant les épaules, tandis qu'une clarté passait sur son front, que me fait à présent une séparation d'une heure ? Demain, ne vous verrai-je pas ? Ah ! je puis vivre, je sais ce que vaut l'avenir. Contre moi-même, contre vous, contre l'existence toute entière, je n'ai plus à me tenir en garde. Demain, dites-moi que demain je vous reverrai. "

Sans répondre, il la prit dans ses bras, les lèvres appuyées sur son front. " Partez ! fit-il. Tantôt j'irai moi-même aux nouvelles. "

Une dernière fois, Isabelle tourna vers lui son visage éclatant, puis elle s'éloigna. D'un air lassé, Latour alors baissa la tête. A la place qu'avait quittée la jeune femme, lentement il alla se rasseoir.

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��Au petit jour, la fièvre s'éteignit : Paulette ferma les yeux, son visage exténué glissa sur l'oreiller : elle s'as- soupit. L'Ombrageuse alors, se mit debout, et s'éloignant d'un chevet où ses soins n'avaient plus que faire, elle alla rejoindre Boboli à l'autre bout de la chambre.

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