Page:NRF 5.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

44 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Ses parents ne sont pas ici ? demandai-je.

— En voyage. — Il serra les lèvres fortement puis reprit aussitôt :

— Je sais, Monsieur, quelles nobles et saintes études vous amènent...

— Oh ! ne vous exagérez pas leur sainteté, inter- rompis-je aussitôt en riant, c'est en historien seulement qu'elles m'occupent.

— N'importe, fit-il, écartant de la main toute pensée désobligeante ; l'histoire a bien aussi ses droits. Vous trouverez en Monsieur Floche le plus aimable et le plus sûr des guides.

— C'est ce que m'affirmait mon maître, Monsieur Desnos.

— Ah ! Vous êtes élève d'Albert Desnos ? — Il serra les lèvres de nouveau. J'eus l'imprudence de demander :

— Vous avez suivi de ses cours ?

— Non ! fit-il rudement. Ce que je sais de lui m'a mis en garde... C'est un aventurier de la pensée. A votre âge on est assez facilement séduit par ce qui sort de l'ordinaire... — Et, comme je ne répondais rien : — Ses théories ont d'abord pris quelque ascendant sur la jeunesse; mais on en revient déjà, m'a-t-on dit.

J'étais beaucoup moins désireux de discuter que de dormir. Voyant qu'il n'obtiendrait pas de réplique :

— Monsieur Floche vous sera de conseil plus tran- quille, reprit-il ; puis, devant un bâillement que je ne dissimulai point :

— Il se fait assez tard ; demain, si vous le permettez, nous trouverons loisir pour reprendre cet entretien. Après ce voyage vous devez être fatigué.

�� �