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ISABELLE 6l

mes questions, je compris que le reste se réduisait à peu de chose; et sans doute fut-il sensible à mon étonnement :

— Je lis beaucoup, ajouta-t-il, comme un pauvre dirait : j*ai d'autres habits !

— Et qu'est-ce que vous aimez lire ?

— Les grands voyages ; puis tournant vers moi un regard où déjà l'interrogation faisait place à la confiance :

— L'abbé, lui, a été en Chine ; vous saviez ?... et le ton de sa voix exprimait pour son maître une admiration, une vénération sans limites.

Nous étions parvenus à cet endroit du parc que Madame Floche appelait " la carrière " ; abandonnée depuis longtemps, elle formait à flanc de coteau une sorte de grotte dissimulée derrière les broussailles. Nous nous assîmes sur un quartier de roche que tiédissait le soleil déjà bas. Le parc s'achevait là sans clôture ; nous avions laissé à notre gauche un chemin qui descendait oblique- ment et que coupait une petite barrière; la pente, partout ailleurs assez abrupte, servait de protection naturelle.

— Vous, Casimir, avez-vous déjà voyagé ? demandai-je. Il me répondit pas ; baissa le front... A nos pieds le

vallon s'emplissait d'ombre ; déjà le soleil touchait la colline qui fermait le paysage devant nous. Un bosquet de châtaigniers et de chênes y couronnait un tertre crayeux criblé des trous d'une garenne ; le site un peu. romantique tranchait sur la mollesse uniforme de la contrée.

— Regardez les lapins, s'écria tout à coup Casimir ; puis, au bout d'un instant il ajouta, indiquant du doigt le bosquet :

— Un jour, avec Monsieur l'abbé, j'ai monté là.

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