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696 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Sorbonne a pour tâche ingrate et utile d'y habituer un esprit.

On dirait à lire Agathon que faire faire six mois de bibliographie, de mise en fiches, à des étudiants, c'est " risquer d'étouffer à jamais leur individualité et cette faculté d'enthousiasme que devrait entre- tenir chez eux le contact des chefs-d'œuvre. " Il faut croire alors tout cela bien fragile. La fré- quentation et la lecture des chefs-d'œuvre leur est-elle interdite ^ Plût à Dieu même qu'elle le leur fût et que Virgile m'eût été au lycée une lecture défendue 1 Ils ne les en aimeraient que mieux, au cas où ils seraient dignes de les aimer. Est-il si désirable, le professeur qui s'interpose entre un chef-d'œuvre et vous ? Nous avons tous souvenir de ceux-là qui autrefois éclaboussaient de leurs admirations rebattues les pages des classiques. Vallès a imprimé la silhouette de ce cuistre, Charles Nisard, son professeur de rhétorique à Charlemagne, qui glapissait en classe : " A genoux, Messieurs, devant le divin Racine ! " Un jour, un nouveau s'agenouilla...

J'écris ces notes pour une revue de littérature. Franchement les littérateurs, les jeunes écrivains qui cherchent de la vérité ou qui trouvent du nouveau, doivent-ils condamner une Sorbonne qui ne se mêle plus de régenter le goût ^ Quelque chose au moins en a été nettoyé : le style acadé- mique d'autrefois, tout cela dont Baudelaire voulait

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