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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 7^9

Cependant, depuis quelques instants, on perçoit un certain bruit du côté de la cuisine. Mon Dieu f serait-ce madame Cresp-Pois-Rouge qui ne parvient pas à s'en- tendre avec Natatoire ? Hélas ! pressentiment trop juste! Car voici que se précipitent soudain sur la terrasse ces deux dames, dans le feu d'une discussion violente.

Natatoire, brandissant une cuiller de bois. — Je ne veux pas vous voir, moi, je ne vous connais pas !

Madame Cresp-Pois-Rouge. — Qu'est-ce qui vous prend, mademoiselle Natatoire ? Je croyais qu'on s'était remises, moi...

Natatoire. — Remises ? Moi, avec vous ? en voilà une bonne plaisanterie ! C'est une galéjade, dites ?

Madame Cresp-Pois-Rouge. — Mais on s'était touché la main.

Natatoire. — J'aurais dû y cracher dessus, votre main, hypocrite ! méchante femme ! quand vous m'avez juré que vous n'avez pas empoisonné mon puits... Quinze jours après, j'ai appris par la cousine de madame Ricco, qui vous a vue, que vous y aviez jeté une taupe morte.

Madame Cresp-Pois-Rouge, suffsquée. — Une taupe morte, mademoiselle ! Vous n'y pensez pas ? Où diable aurais-je pu trouver une taupe morte, moi qui ai toutes les peines du monde à récolter mes figues et mon thym ?

Le petit Nègre, toujours plein d^ à-propos^ surgit sur la scène déjà si encombrée, avec un panier d^œufs et un grand pain doré magnifique. Il est toujours aussi péremptoire et sus- ceptible. — C'est le z'euf !

Madame Cresp-Pois-Rouge. — Je suis sûre que

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