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NOTES 765

entre deux personnes. Vous êtes discret, mais parce que ce qui arrive aux autres vous est indifférent. En vous couchant, peut-être prenez-vous mon portrait, l'approchez-vous de vos lèvres. Mais la pitié est justement ce qui remplace l'amour, chez les égoïstes." J. S.

��HUMUS ET POUSSIÈRE, par François Porche. (Mer- cure)

Titre gris, humilié et qui couvre, comme d'une cendre, une poésie courageuse et sans éclat, une poésie qui conquiert la sympathie par sa rudesse et son absence d'apprêt, mais où l'élégance, la séduction, l'harmonie ailée font défaut. Les poèmes de M. Porche partent dun cœur probe, fier, ouvert, et qu'on souhaiterait d'avoir pour ami. Mais une sorte de deuil retient sa voix ; la joie y reste voilée ; il sait combien est dure, pour presque tous, la tâche quotidienne. Aucun faux fuyant avec la sévérité d'une vie grave ; une sorte d'exaltation sombre à en célébrer la grandeur :

y ai songé bien des fois à mon lointain ancêtre, A celui qui reçut le nom qu'il m'a légué Du sordide troupeau de porcs qu'il menait paître Dans la forêt obscure et, de là, boire au gué.

La vase du marais en séchant sur sa guêtre Alourdissait, le soir, son grand pas fatigué, Ou bien le gueux courait les bois, pieds nus peut-être, Hirsute, à demi fol et sauvagement gai.

Serf de condition sans en porter les chaînes, Il a passé ses jours à rêver sous les chênes, Et maintenant il n'a plus même de tombeau.

Mais, dans mon cœur, comme un reproche à ma faiblesse.

Il revit. A chacun l'orgueil de sa noblesse !

— // faut aimer ton nom, mon fils, car il est beau.

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