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850 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Oh, comme nous nous amuserons l'hiver, si vous voulez ne jouer avec personne d'autre que moi.

Geppone va porter cette lettre ; et j'aurais voulu vous faire porter par lui une gaggia avec un baiser dessus ; mais il dit qu'il y risquerait sa place.

Je suis contente que vous m'appeliez " chère, " mais trouvez-vous vraiment que je sois " petite " ? Vous m'avez donc oubliée ? il s'en manque de deux doigts que je sois aussi haute que maman. Elle dit que je ne gran- dirai plus, quand je serai mariée. Pourquoi m'en empê- cheriez-vous ? J'espère que vous ne direz pas à la bonne de tant me serrer, comme le fait maman : vous pourriez à peine passer votre main au fond de mon corset.

C'est demain l'anniversaire de ma naissance ; j'aurai quatorze ans. L'oncle Rapi aura beaucoup de monde à dîner : c'est-à-dire, deux autres fattori, et le plus riche marchand de soie de tout le Mercato Nuovo. Il les a invités de la façon la plus aimable, en leur disant qu'ils seraient les bienvenus, mais en les priant (les deux fattori) de ne pas amener leurs femmes, car une femme dans une maison, c'est tout juste une femme de trop. Il n'a pas dit cela pour leurs femmes, mais bien pour moi. Je crois que je le gêne, et je serais contente de rentrer à Florence après-demain.

Je n'ai rien à faire ici, et je suppose que vous n'avez rien à faire là-bas. Aussi, je crois que ce serait gentil si vous vouliez bien écrire d'autres vers ; je vous promets que je les lirai d'un bout à l'autre. Vous pouvez les com- poser soit sur le col en dentelle de Bruxelles, soit sur le canari. Mais, j'y pense, vous avez déjà écrit un petit morceau sur la dentelle de Bruxelles dans votre poésie sur l'améthyste.

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