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NOTES 893

beaux mots de la langue française sont beaux d'avoir un sens et sont encore plus beaux par la densité de leur sens, et par sa liaison avec d'autres sens, et par la syntaxe qui les régit et par les architectures de la pensée à laquelle ils participent. Il y a là aussi de la matière poétique qu'on néglige. Une page de Claudel doit sa puissance à la plénitude de leur signification. Je pense encore qu'il est d'autres modes que le mode l>Tique. L'absurde drame en vers a si longtemps encombré le théâtre qu'il en a chassé la poésie tragique. La poésie gnomique qui s'accommoderait encore de la forme parnassienne, la poésie didactique dont les rythmes libres écartent désormais la monotonie restent à tenter. Mais si une inclination nouvelle nous conduit à écrire des poèmes d'un autre ton, ce ne peut être que dans le contact avec les dernières formules accom- plies, ce ne doit être qu'en tenant compte de notre plus récente culture, ce ne sera que selon notre propre nuance. Pour Dieu, ne mêlons pas Boileau spécialement à cette affaire. Nous ne lui revaudrions que de nouvelles injustices." On ne saurait mieux dire ; et il nous faudra le répéter.

Une amusante défense de Willy par Francis de Miomandre contre " une époque extrêmement grave et triste, et qui prend tout au sérieux, et qui ne s'amuse qu'avec une sorte de remords..." qui "veut des œuvres lourdes" (je ne dis pas profondes), et " admire ceux qui l'ennuient " complète heureusement ce numéro où l'on peut lire encore un juste hommage de ^L Tancrède de Visan au nouvel académicien Henri de Régnier.

Dans Vers et Prose (N" de janvier à mars) une nouvelle suite de Ballades Françaises, parmi les plus émues qu'ait écrites Paul Fort. Quelque chose de l'âme de Villon semble revivre dans ces strophes :

Aujourd'hui j'ai peur du passé, Des mirages du paysage,

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