Page:NRF 6.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

IIO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

La mémoire du Voyageur dresse péniblement l'ar généalogique de la famille Davido . . . witsch. Et prudeij|â«^' ment il répond :

— " Tous ?

— " Venez-vous avec moi trouver Lévy ? "

Sans attendre de réponse, le fourreur saisit sa calotte d'Astrakan, et la promène horizontalement d'un geste large sur ses voisins qu'il domine de la tête.

— " Au revoir, amis ! "

Des grognements sympathiques répondent à son sourire circulaire. Il prend Loubatié par dessous le bras et, la tête toujours jetée en arrière, fend la presse à grands pas. La barbe brune de l'occidental se soumet à la compagnie de cette longue capote exotique et de ce bonnet d'un autre âge.

— " Hé non, pas tous ; deux : Abraham, Elie. Abra- ham faisait ses trois ans quand vous étiez là (il semblerait, à l'entendre, que le voyageur eût demeuré là six mois et que dans ce laps de temps, ils se fussent fréquentés douze heures par jour) ; Elie, lui, a servi dans l'armée du petit père Nicolas, vous savez ? (Il éclate de rire). Guidai est à Nev/-York, et Israël en Egypte. "

— " Fourreurs ? "

répond poliment le voyageur.

— " Fourreurs, naturalistes et peaussiers tous quatre. Tous mes œufs dans le même panier. Et la vieille va comme sur des roues. Voici Lévy. "

Le voyageur reste bec bée. D'une bourrade dans les côtes et d'un clin d'oeil le Juif russe accentue la malice d'un " hé ? " passablement goguenard.

�� �