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LA MÈRE ET L ENFANT 203

l'envoya, pour s'en délivrer et se consacrer entièrement à Bubu^ à la rédaction du Mercure de France^ qui refusa de l'imprimer. C'est alors seulement — en novembre ou décembre 1899 — qu'il soumit son texte à une révision sévère. Après de longues discussions, Philippe s'arrêta à une solution très audacieuse : il résolut de laisser tomber tous les chapitres impairs de son manuscrit. L'œuvre, allégée de moitié, parut à la bibliothèque de la Plume au début de 1900. J'ai la certitude absolue que Philippe con- sidérait cette édition comme définitive. En 1906, il me fit part de son intention de publier chez Fasquelle, en un seul volume, la bonne Madeleine et la Mère et V Enfant ^ et, sur une question que je lui posai, il me déclara de la manière la plus formelle qu'il ne changerait pas une ligne au texte de 1900.

Tels sont les faits, et je m'excuse de les avoir narrés avec une minutie qui ne me semble pas inutile. Si maintenant on se demande quelles sont les raisons qui poussèrent Philippe à faire dans son manuscrit d'aussi graves coupures, je crois pouvoir en indiquer quelques- unes.

Tout d'abord, il faut tenir compte du grand effort que faisait Philippe, vers 1899, pour se débarrasser de ses défauts de jeunesse. Tous ses amis lui conseillaient la sobriété, et je ne cessais moi-même de le mettre en garde contre son goût pour la rhétorique. Je le poussais ainsi sur son propre penchant, car la qualité qu'il estimait et con- voitait le plus, c'était la force. S'il ne reste, même dans les chapitres supprimés en 1900, qu'un petit nombre de passages fâcheusement déclamatoires, c'est que Philippe avait déjà bien échenillé son texte avant de le recopier

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