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276 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

il s'était élevé jusqu'à la Société (mot qui avait alors plus de prestige que maintenant,) il faisait partie de la société, était connu dans Fleet street et dans St- James', était compté parmi les dandies, et pouvait sourire avec indul- gence et sans amertume en pensant au confrère de pro- vince, au petit clergyman qui vient conquérir la capitale, " avec un livre de sermons manuscrits dans sa poche. "

" My Friends and Acquaintance " n'est pas seulement un recueil d'anecdotes sur le monde des lettres en Angle- terre, de 1825 à 1845, mais c'est aussi le produit de cette période : l'auteur est malgré lui compris dans le tableau qu'il trace ; quelques-unes de ses rancunes s'y font jour ; son naturel y perce. Cuisine de salles de rédaction ; petites indiscrétions : Thomas Campbell n'est pas l'auteur de la " Vie de Mrs. Siddons "; c'est X qui l'a écrite, et Thos. Campbell, pour de l'argent, l'a signée ; mais en disant bien haut qu'elle était si mal écrite que jamais aucun critique consciencieux ne la lui attribuerait. Or, X, assez clairement désigné pour ceux qui étaient au courant — les " grands Londoniens " d'alors — était Colburn, brouillé avec P. G. Patmore. Et au moment où " My Friends and Acquaintance " parut, Colburn vivait encore... Non ! n'accusons pas le père de Coventry Patmore d'avoir été un homme méchant. Ses défauts étaient ceux de la Société de son temps. Il s'était élevé jusqu'à cette Société, mais il ne l'avait pas dépassée : il ne concevait rien au-dessus d'elle. L'effort était assez grand pour une génération, et pour un homme plein de talents mais sans génie. A la génération suivante, nous verrons un homme de génie s'élever bien plus haut que la Société, dépasser même 'orgueil de la vie, et d'un vol certain gagner Dieu.

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